Au cœur de la nuit du 22 au 23 juillet 1958, Doëlan était réveillé par le hurlement de la sirène de la conserverie Larzul : le Joseph-Thérèse, thonier à perches d’Étel, venait de s’échouer à l’entrée du port, tout près de la pointe de Cayenne. Fort heureusement, cette fortune de mer ne provoqua aucune perte humaine, le produit de la pêche fut sauvé, ainsi qu’une partie des équipements et apparaux du bord, grâce aux pompiers, au courage des hommes d’équipage et aux gestes de solidarité manifestés par de nombreux Doëlanais. Hélas, cruelle, âpre et obstinée, la houle disloqua ce bateau prisonnier des rochers sur lesquels ses œuvres vives s’étaient déchirées avant que la quille ne s’encastre dans les brisants. Il n’est pas exagéré de dire que ce navire fut comme effacé en quelques jours ! De ce qui fut un drame pour cet équipage ne subsiste aujourd’hui qu’une partie du moteur, cénotaphe improbable où rôde à tout jamais dans le soupir des vagues l’âme du Joseph-Thérèse, vestige d’une agonie que l’on peut encore apercevoir aujourd’hui à marée basse, tout juste après avoir mis le pied dans le chemin qui borde la Maison rose sur la rive gauche de Doëlan.
Au premier plan de la photo de l’attroupement de curieux devant la cargaison de poissons mise à terre par les sauveteurs, figure Joseph Coguen (dit Josic). Passionné d’histoire locale, Josic m’a confié le contenu de ce reportage. Je l’en remercie.
Poul-Douel de l’Estran
Juillet 2018